Comme chaque année, dans le cadre de sa mission réglementaire, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) publie son bilan de la surveillance des travailleurs exposés aux rayonnements ionisants.
Sur 2022, 386 080 travailleurs ont été surveillés dans le cadre des activités professionnelles utilisant des sources de rayonnements ionisants, soit un chiffre en baisse de 1,55 % par rapport à 2021. L’effectif de travailleurs suivis par domaine d’activité se répartit comme suit :
- 59 % dans le médical, le dentaire et le vétérinaire (- 3 % par rapport à 2021 pour le médical et le dentaire et + 6 % pour le vétérinaire) ;
- 23 % dans le nucléaire (+ 1 %) ;
- 6 % dans la radioactivité naturelle comprenant essentiellement les personnels navigants de l’aviation civile ou militaire soumis au rayonnement cosmique (+ 5 %) ;
- 4 % dans l’industrie (- 4,5 %) ;
- 3 % dans la recherche et l’enseignement (- 5,5 %) ;
- 3 % d’activités non déterminées ;
- 2 % d’autres activités.
Le bilan présente les résultats de la surveillance de l’exposition externe et interne des travailleurs. Les expositions externes comprennent les doses reçues à la suite d’une exposition externe à un champ de rayonnements ionisants (rayons X, gamma, bêta, neutrons, etc.).
En 2022, 74,5 % des travailleurs surveillés n’ont reçu aucune dose. La dose individuelle moyenne sur l’effectif exposé était de 0,90 mSv en 2022 (+ 6 %) contre 0,85 mSv en 2021 et 0,78 mSv en 2020. Cette hausse s’explique par la reprise du trafic aérien à l’issue de l’épidémie de Covid-19. En effet, cette dose était de 1,20 mSv en période pré-Covid en 2019.
La dose individuelle moyenne varie selon le domaine d’activité. C’est dans l’aviation qu’elle est la plus importante (1,41 mSv), suivie par le nucléaire (1,26 mSv) et l’industrie (0,97 mSv). Le médical (0,29 mSv) et la recherche (0,33 mSv) présentent des doses moins élevées.
Parmi les travailleurs suivis, 93 % ont reçu une dose annuelle moyenne inférieure à 1 mSv et moins de 1 % une dose supérieure à 5 mSv (quart de la limite réglementaire). A noter que 6 travailleurs ont dépassé la limite annuelle réglementaire fixée à 20 mSv (contre seulement 1 en 2021 et 2020).
► Lire aussi : Les expositions professionnelles aux rayonnements ionisants restent inférieures aux niveaux pré-covid
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Hausse des examens positifs lors de la surveillance spéciale
Les expositions internes comprennent les situations dans lesquelles les travailleurs sont en présence de sources non scellées et peuvent incorporer des substances radioactives par inhalation, pénétration transcutanée, blessure ou ingestion.
Sur l’année 2022, 231 030 examens de surveillance de routine ont été réalisés. Ils permettent de vérifier que les travailleurs ne sont pas contaminés dans les conditions de travail dites classiques. 1 187 examens se sont révélés positifs, soit 0,5 % du total mis en œuvre. Ces chiffres sont stables par rapport à 2021.
Pour ce qui est de la surveillance spéciale, 9 649 examens ont été menés afin de compléter la surveillance de routine lors d’événements particuliers pouvant être à l’origine de contamination. 92 % d’entre eux ont été effectués dans le secteur du nucléaire. 1 750 se sont avérés positifs, soit 18 %, un chiffre en hausse de 6 % comparativement à 2021.
Dans son bilan annuel, l’IRSN propose deux focus « actualités » avec un premier sur le suivi de l’exposition corps entier des travailleurs selon le genre sur la période 2019-2022. Il en ressort que les femmes sont moins exposées que les hommes aux rayonnements ionisants, alors qu’en nombre de travailleurs suivis, c’est assez proche. Par exemple, un plus faible nombre d’alertes de dépassement de la VLEP de 20 mSv est enregistré chez les femmes (6) que chez les hommes (9) entre 2019 et 2022.
Le second focus s’intéresse au suivi de l’exposition externe des travailleurs des réacteurs électrogènes (EDF et entreprises extérieures) sur la période 2018-2022. Il montre que, quel que soit le type de dosimétrie, des disparités d’exposition existent entre EDF et les entreprises extérieures, provenant de métiers exercés différents ou de la nature du travail réalisé. Toutefois, les doses individuelles moyennes des cinq dernières années sont stables, voire à la baisse, du fait de la crise sanitaire du Covid-19 et de l’effort d’EDF et des entreprises extérieures à poursuivre leurs actions pour limiter l’exposition de leurs travailleurs.
Ce bilan de l’IRSN a été réalisé grâce aux données de la surveillance dosimétrique des travailleurs enregistrées dans le Système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (SISERI).