Pour rappel, le MASE (Manuel, Amélioration, Sécurité santé environnement, Entreprises) est une initiative d’entreprises qui a pour but de proposer une démarche de progrès simple et efficace. Elle consiste principalement à aider les adhérents à améliorer la sécurité, la santé au travail et l’environnement (SSE) à travers un système de management adapté à l’entreprise. La gestion des risques liés à la coactivité entre les entreprises utilisatrices et les entreprises intervenantes est également mise au cœur de la démarche. Cela passe par une meilleure organisation et une meilleure communication entre entreprises pour améliorer les conditions d’intervention des salariés.
On peut noter qu’actuellement, l’association MASE regroupe plus de 6 000 adhérents et plus de 300 entreprises utilisatrices actives.
A l’occasion du salon Préventica Toulouse, l’OPPBTP Occitanie (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics) et le MASE Sud-Ouest sont revenus sur leurs actions de prévention communes.
Le MASE, référentiel sécurité, mais surtout « référentiel terrain », se veut adapté aux entreprises, surtout aux petites. Comme le souligne Yannick Basso, Président du MASE Sud-Ouest, « plus de 30 % des entreprises « Masées » ont moins de 20 salariés ». Le référentiel, accessible gratuitement sur le site internet du MASE, est un « guide pratique qui propose des conseils et bonnes pratiques » en matière de SSE. Il adopte une structure logique en cinq axes sur lesquels les entreprises sont évaluées pour obtenir leur certification.
Ainsi, pour cadrer leur démarche SSE, les organisations doivent :
- définir l’organisation du management SSE de l’entreprise (engagement de la direction, politique SSE, objectifs SSE, organisation, indicateurs SSE, planification, documentation, moyens, information et animation SSE) ;
- transmettre à tous les salariés le « savoir », le « savoir-faire » et le « savoir-être » nécessaires à la tenue de leur poste de travail (compétences et qualifications professionnelles, recrutement, affectation, accueil SSE, formations, habilitation, autorisations, culture SSE) ;
- maîtriser les risques SSE lors de la réalisation de tâches, travaux ou prestations (organisation du travail, analyse des risques SSE, préparation, réalisation, retours d’expérience) ;
- évaluer l’efficacité du système de management (mise en œuvre et application, audits SSE, analyse des situations dangereuses, des presqu’accidents, des accidents et des maladies professionnelles) ;
- améliorer en continu le système de management (bilan SSE, actions d’amélioration).
Yannick Basso rappelle aussi que « la mission première de l’association MASE est de guider les entreprises dans la mise en place de leur système de management SSE ». Pour cela, elle leur propose un « package » adhérents comprenant notamment un club d’auditeurs internes, une veille réglementaire SSE, des escape-games, des campagnes de sensibilisation, etc.
Grâce au partenariat avec l’OPPBTP, le nombre d’adhérents au MASE du secteur du BTP a augmenté. Afin de cibler les problématiques SSE de ce secteur, les deux entités ont co-construit des webinaires dédiés au BTP sur plusieurs sujets émergents tels que les exosquelettes ou l’usure professionnelle.
En pratique, le MASE est perçu comme une démarche SSE positive pour les entreprises qui l’ont déployé. C’est ce qu’affirme Olivier Bry, Président de CROA TP, entreprise spécialisée dans les travaux de montagne (construction, réparation d’ouvrage d’art, génie civil, travaux spéciaux, etc.). Une baisse de l’accidentologie est d’ailleurs notée pour les entreprises « Masées ».
Avec un lancement en 2014, le chef d’entreprise avait « la volonté d’avoir une organisation et une méthode dans son établissement, de donner des réflexes au personnel et d’améliorer la SSE ». De plus, la certification MASE était une demande de la part des donneurs d’ordres.
La démarche a permis la « mise en place de moyens adéquats pour que tout le monde travaille en sécurité ». En quelques mots, Olivier Bry résume le MASE comme un garant de traçabilité, de formalisation des retours d’expérience, de simplification, de digitalisation des documents, etc.
Concrètement, l’entreprise a instauré des outils SSE informatisés tels qu’une application qui permet aux salariés de faire des retours terrains et des rapports de chantier chaque jour. Elle a aussi développé des QR codes pour avoir accès à toute la documentation de l’entreprise (CACES, habilitations, modes opératoires, etc.), remplaçant les énormes classeurs d’antan.
Sur la problématique environnementale, également traitée par le MASE, CROA TP a été proactive avec, par exemple, le passage de 75 % de ses poids-lourds à l’huile de colza, l’achat de tasses pour le café et de gourdes pour les salariés à la place des gobelets et bouteilles en plastique, etc.
En termes d’investissements, selon Olivier Bry, sur sept ans, sa démarche SSE aurait coûté 150 000 euros à l’entreprise (amélioration des infrastructures, achat d’équipements adaptés, embauche d’une responsable HSE, etc.). Mais ces investissements en vaudraient la peine. Il reconnaît que « la démarche est un peu pénible au départ mais que les salariés jouent le jeu ensuite ». Le MASE permet « d’inculquer une culture SSE à son personnel » et d’avoir « des salariés proactifs » sur ces sujets lors des quarts d’heure sécurité ou des visites de chantier.
Par ailleurs, il améliore l’image des entreprises et la « marque employeur » (exigences environnementales, bonnes conditions de travail), surtout dans le secteur du BTP qui fait face à d’importants problèmes de recrutement.
La certification a des impacts sur les relations avec les prestataires que ce soit en matière de passation de consignes, de communication, de formation ou d’engagement que chaque partie. « Tout le monde doit être au courant des règles du chantier » et cela passe, par exemple, par « l’évaluation des sous-traitants qui sont écartés s’ils ne respectent pas les règles ».
Pour terminer, le MASE est très centré « terrain », pragmatique et directif, à la différence de l’ISO 45 001, beaucoup plus documentaire, organisationnel et avec une certaine adaptabilité dans l’application des exigences. Cette différence s’explique, entre autres, par le public auquel s’adresse ces référentiels avec des entreprises de plus petite taille pour le MASE où la compétence HSE n’est pas forcément toujours présente.